Les prix du blé européen toujours en berne
Les prix des céréales européennes restent dans une « spirale baissière » ces derniers jours tandis que ceux du soja américain évoluent peu, en l’absence d’accord entre Washington et Pékin, comme le constataient analystes de marché et courtiers en grains ce mercredi 3 septembre 2025.
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Les cours des matières premières agricoles évoluaient un peu différemment de part et d’autre de l’Atlantique. En Europe, c’est la Russie qui donne à nouveau le ton des échanges pour le blé. Le mardi 2 septembre 2025 à la clôture d’Euronext, le prix du blé atteignait « son plus bas niveau de l’année », à 190 euros la tonne sur l’échéance de décembre, la plus échangée, relève Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media.
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La crainte d’une « accélération du mouvement baissier »
Le cabinet d’analyse craint même, si les prix passaient en dessous de la barre symbolique des 190 €/t, de voir « une accélération du mouvement baissier » des cours du blé. Car rien ne semble pour le moment pouvoir briser la « spirale baissière » des prix des céréales européennes, qui dégringolent lentement mais sûrement depuis la mi-juillet.
« Point positif » des dernières semaines pour les exportateurs européens : la précocité des récoltes d’orge et de blé en Europe de l’Ouest et la rétention des agriculteurs russes, qui attendaient d’avoir une vision globale de la moisson pour commencer à vendre. Cela a « permis de bien vendre l’orge fourragère, à un prix quasiment équivalent à celui du blé », selon Edward de Saint-Denis, de la maison Plantureux & Associés. Mais « la moisson est désormais réalisée à 70 % en Russie et les grains arrivent en masse dans les ports d’exportation ».
« L’offre de blé (originaire de la) mer Noire devient plus agressive, l’offre française redevient trop chère et cela fait baisser les prix », poursuit-il. Les cours du blé restent globalement lestés par des prévisions mondiales optimistes, avec des disponibilités records « de 400 millions de tonnes » chez les huit principaux pays exportateurs, dont 86 millions de tonnes pour la seule Russie, selon les estimations de production d’Argus Media.
Ces derniers jours, l’Australie a relevé ses prévisions de récolte de plus de 3 millions de tonnes, à 33,7 millions de tonnes, soit un niveau comparable à la moisson de l’an dernier. Le pays prévoit une récolte d’orge légèrement supérieure à celle de l’an dernier, à 14,55 millions de tonnes.
Le maïs trouve peu de soutien
Concernant le maïs, la baisse de rendement qui s’annonce en Europe n’apporte qu’un maigre soutien aux cours, écrasés par les prévisions d’énorme récolte américaine. À la Bourse de Chicago, le prix du grain jaune a légèrement augmenté ces derniers jours, clôturant ce mardi 2 septembre, à 4,03 dollars le boisseau (environ 25 kg).
« Les États-Unis continuent de bénéficier d’une forte demande à l’exportation » pour le maïs, relève Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial. Selon les chiffres du ministère américain de l’Agriculture, les volumes hebdomadaires inspectés avant exportation ont légèrement augmenté pour la semaine achevée le 28 août par rapport à la précédente, à plus de 1,4 million de tonnes. C’est aussi nettement supérieur à la même période de 2024 (+45 %).
Le soja « sous pression »
Le cours du soja a terminé en baisse mardi, à 10,25 dollars le boisseau (soit environ 27 kg), après une semaine sans direction franche. Pour Jack Scoville, de Price Futures Group, « le soja est sous pression car la récolte aux États-Unis est considérée comme très bonne et les Chinois n’en achètent pas. Ils continuent d’acheter au Brésil même si les prix y augmentent. »
« Une grande partie de la demande de soja américain provenait de la Chine et nous avons laissé passer cette opportunité », affirme-t-il. Le cours de la graine oléagineuse à la Bourse de Chicago pâtit du climat « d’incertitude » actuel, dû à fois au « blocage des négociations entre les États-Unis et la Chine » et au « renforcement de la coalition entre la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde au cours du week-end », estime Arlan Suderman, évoquant le sommet régional organisé à Pékin et réunissant les dirigeants d’une vingtaine de pays eurasiatiques.
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